Operation Silver Bayonet - 23 Octobre 1965 au 20 Novembre 1965

Localisation

Nord ouest de Plei Me dans la région des hauts plateaux du sud vietnam à environ 40 kms au sud ouest de Pleiku, à 25 km à l’ouest de Plei Mê dans la vallée de la rivière Drang, "Ia Drang".

Objectifs

L’opération Silver Bayonet avait pour objectif principal de défendre les installations clés de l’ARVN et des Etats-Unis dans la province de Pleiku ainsi que de stopper la tentative de l’ANV de perçer une brèche pour aller de la frontière Cambodgienne jusqu’à la côte et ainsi couper le Sud en deux.

Forces alliées en présence

La 1st Cavalry Division 

de l’aeromobile Infantry :
1st brigade "All the Way" : 1st battalion 8th Cavalry, 2nd battalion 8th Cavalry, 1st battalion 12th Cavalry
2nd brigade "Black Knights" :  1st battalion 5th Cavalry, 2nd battalion 5th Cavalry, 2nd battalion 12th Cavalry
3rd brigade "Garry Owen" : 1st battalion 7th Cavalry, 2nd battalion 7th Cavalry

de l’aerial reconnaissance :
1st Squadron (brigade), 9th Cavalry

de l’aviation support :
11th aviation group, 227th et 229th battalions (hélicoptères d’assaut)

Complété de soutien aérien et d’artillerie (notamment le 1st battalion 21st Artillery Regiment)

Forces communistes en présence

32eme, 33eme et 66eme régiments de l’ANV

Le 19 octobre 65, deux régiments de l’armée nord vietnamienne (ANV) attaquèrent le camp des Special Forces américaines de Plei Mê au cœur des hauts plateaux du centre du pays. Leur objectif était de créer une brèche de la frontière cambodgienne jusqu’à la côte et ainsi couper le sud Vietnam en deux. Pour secourir le camp le général Westmoreland décida de faire intervenir la 1st Cavalry Division (aéromobile) arrivée de Fort Benning quelques semaines plus tôt. Face à la contre attaque, l’ANV dû reculer. Westmoreland donna immédiatement à la 1st Cav l’ordre de passer à l’offensive.

L’opération SILVER BAYONET dont l’objectif était de défendre les installations clés de l’ARVN et des Etats-Unis dans la province de Pleiku,  se termina par la bataille de Ia Drang. Premier affrontement avec les forces militaires de l’ANV et non plus le VC. Pendant 35 jours la 1st Cav combattit 3 régiments de l’ANV, l’armée nord vietnamienne dont l’objectif initial était de lancer une offensive d’envergure se retrouva un mois plus tard déstabilisée, notamment par la mobilité américaine, et obligée de se défendre sur son propre terrain.

Préparation

Fin octobre 65, le 1st squadron (brigade) du 9th cavalry, le 1/9, partit en reconnaissance du terrain revint avec des informations clés pour le briefing. Selon les renseignements les forces de l’ANV seraient estimées à 3 régiments, seul le 33eme étant connu car à l’origine de l’attaque de Plei Mê. Les américains ne disposant que de peu de connaissance topographique de la zone dense en végétation, aucune route ne permettant d’accès terrestre.

La 1st brigade « All the Way » disposait de 4 bataillons d’infanterie, 1 bataillon d’artillerie légère, 1 escadron de reconnaissance et 1 bataillon d’hélicoptères d’assaut.

Il fut convenu de travailler le terrain à l’échelon des compagnies, d’identifier des zones d’atterissage LZ, une compagnie devant être débarquée par LZ avec vivres et munitions pour 24 heures maximum afin de reconnaître le secteur en profondeur.

Le rôle des hélicoptères étant important pour être capable de déposer de manière coordonnée les troupes sur différentes LZ. Ces dernières devant être accessibles et donc consolidées par des équipes de sapeurs en vue d’un futur ravitaillement et pour l’évacuation médicale.

1er Novembre

Le 1er novembre 65, la reconnaissance en hélicoptère fixa des forces Viets à environ 8 km à l’ouest du camp des Special Forces. Héliportée la compagnie Bravo du 9th Cavalry arriva sur la LZ sous un feu nourri et surprit les forces communistes qui ne s’attendaient pas à se trouver nez à nez avec des américains au plein cœur de leur terrain réputé peu accessible, les américains découvrirent un hôpital de compagne parfaitement camouflé sous le feuillage, mais en moins d’1/2 heure les Viets se ressaisir et lancèrent une contre attaque violente. Parvenant à s’accrocher malgré les blessés les forces américaines arrivèrent à rejoindre la LZ et fixer leurs ennemis en attendant les renforts. Avec leur arrivée il fut alors possible de retourner vers l’hôpital pour en détruire les installations et récupérer un maximum de matériel utile.

Grâce au feu nourri en bordure du périmètre exercé par les gunships et avec l’arrivée du 2nd battalion 12th Cavalry, 2/12, le combat finit par cesser.

Le bilan fut de 99 ANV tués identifiés, 54 prisonniers et côté américain 11 hommes tués et 21 blessés.

2 novembre

L’état major ayant demandé de faire une reconnaissance de nuit de la zone à quelques km de la frontière avec le Cambodge là ou les Viets ne s’attendraient pas à voir des américains, une embuscade nocturne fut donc lancée par une section bravo du 1/9 d’environ 25 hommes. Elle partir à 17h, et après 1 heure de marche dans la végétation dense les hommes tombèrent sur une piste dégagée apparemment régulièrement fréquentée, car des empreintes diverses étaient visibles, ils suivirent la piste quelques temps puis décidèrent que l’endroit était idéal pour préparer l’embuscade. Les hommes se camouflèrent sur les côtés après avoir mis en place les mines claymore. L’attente fut longue et crispante.

Vers 21h30 des éclats de voix se firent entendre des Viets surgirent à quelques dizaines de mètres et s’arrêtèrent pour manger. Ils étaient environ 90 contre 25 américains. ils transportaient du matériel : mitrailleuses, munitions, mortiers, canons... la pause s’éternisa jusque 23 heures environ et le convoi repartit, lorsque le matériel lourd passa au milieu du dispositif d’embuscade le capitaine américain décida de passer à l’offensive et de déclencher les mines, les forces communistes surprises furent décimés en 3 minutes sans avoir pu riposter. La section Bravo s’arracha rapidement vers la LZ Mary pour s’assurer du renfort et demander l’autorisation de monter une action de nuit afin d’identifier les corps ennemis et glanés des informations utiles. Ayant reçu l’autorisation et du renfort il repartirent identifier leurs adversaires, il s’agissait bien d’une unité d’avant garde du 8eme bataillon du 66eme régiment de l’armée régulière.

A peine avaient-il à nouveau rejoint la LZ avec les informations attendues que les artilleurs Viets se déchainèrent, lançant également l’infanterie. Avec l’aide des hélicoptères d’assaut de la compagnie Delta du 227th Cavalry et des hommes du 2/12 fraichement débarqués, les forces finirent par s’inverser et les Viets furent gardés à distance, seuls les snipers restèrent difficiles à gérer.

A 3h30 les américains étaient enterrés sur leur position, les officiers passèrent le mot : protéger les blessés, sécuriser la LZ pour l’évacuation et les renforts, pas un mouvement, chacun devant fixer les cibles pendant la nuit pour une charge à 6h15. À 6h15 donc les 200 soldats bondirent de leur trou pour charger les Viets camouflés. La sortie fut un succès et le périmètre de la LZ nettoyé. Du renfort arriva, la compagnie Alpha du 1st battalion du 8th Cavalry, 1/8, et permit l’évacuation de la LZ Mary non sans la perte de plusieurs hélicoptères sur la zone.

Mais le bilan était là : 150 ANV tués, 10 prisonniers et chez les américains 4 tués et 25 blessés. Le 8eme bataillon du 66eme régiment de l’ANV avait subi de lourdes pertes autour de la LZ Mary.

6 novembre

La compagnie Bravo du 2nd battalion du 8th Cavalry, 2/8, fut déposé sur la LZ Wing en amont de la rivière Muer avec pour objectif d’explorer le lit de cette rivière d’ouest en est.

Après seulement une progression de 1,5 km la compagnie Bravo tomba sur des fortifications nord vietnamienne et se retouva sous le feu d’environ 2 sections du 33eme régiment de l’ANV. La compagnie Charlie du 1/8 de l’autre côté de la rivière ne parvint pas à faire la jonction elle aussi bloquée par les tirs d’artillerie. Une nouvelle fois grâce à l’intervention de l’artillerie aérienne des hélicoptères la jonction fut finalement possible et les deux compagnies réussirent à établir un périmètre de sécurité pour la nuit.

Les Viets fort dans l’art de l’esquive et du mouvement invisible, décidèrent de se replier laissant seulement derrière eux des snipers en position.

7 novembre

Au matin les compagnies Bravo et Charlie se retrouvèrent donc seules sur le terrain et fouillèrent prudemment la zone et les tranchés ennemies.

Bilan 77 corps ANV, 120 estimés et coté américain des pertes sévères avec 26 tués et 53 blessés.

Arrivée des "Garry Owen"

La 1st brigade 8th Cavalry, ayant débusqué les forces communistes, le général Kinnard décida de confier à la 3rd brigade 7th Cavalry des “Garry Owen” le soin d’achever la mission de la division : extirper les nord vietnamiens des hauts plateaux.

Trois bataillons d’infanterie et deux d’artillerie sur le terrain furent donc déployés au sud ouest de Pleiku dans une plantation de Thé. Position située à quelques minutes de vol de la base de la 1st brigade, le camp Holloway, à côté de Pleiku. La 3rd brigade 7th Cavalry pensait localiser assez facilement les forces communistes après le travail déjà réalisé par la 1stbrigade 8th Cavalry. Mais l’ANV profitant du mouvements d’effectifs américains avait disparu dans la végétation dense.

En effet, pendant ce temps l’ANV s’était regroupée dans la vallée de Ia Drang, à 25 km à l’ouest de Plei Mê.

Combats dans la vallée Ia Drang

Bataille de la LZ X-Ray : 14 - 16 novembre 65

 

14 novembre

C’est la LZ X-ray qui fut choisie pour le débarquement de troupes US car elle était la plus dégagée, mais les ordres étaient de rester relativement groupés et que les compagnies ne soient pas isolées.

 Le 1/7 disposait de 3 compagnies, Alpha, Bravo et Charlie de 164 hommes et 6 officiers chacune chaque compagnie étant elles mêmes composées de 3 sections.

L’artillerie devait être placée sur une autre LZ Falcon plus à l’est de l’autre côté de la rivière Muer.

 

Préférant la sécurité à la surprise, le colonel Hal Moore commanda le dimanche 14 novembre à 10h17 précises un pilonnage en règle par les canons de 105mm du 1st battalion du 21st artillery Regiment sur la LZ X-Ray.
Puis commença le ballet des hélicoptères du 229th battalions pour traiter les abords immédiats avec les canons et à la roquette, c’est eux également qui vinrent prendre les troupes du 1/7 à Plei Mê et en vol en V se rendirent vers la LZ X-Ray pour déposer les hommes.

A 10h48 ce fut l’atterrissage des premières troupes au sol, Hal Moore était également de la partie.

La 1ere section de la Compagnie Bravo du 1/7 partit en reconnaissance à 150m de la LZ et fit immédiatement la capture d’un guetteur de l’ANV désarmé, il indiqua que 3 bataillons de l’ANV étaient tapis prêt de là avec l’intention d’en découdre avec les américains.
A 13h la 1ere section plus profondément en reconnaissance fut attaquée par une quarantaine de Viets et se retrouva isolée, la 2eme section qui cherchait à les secourir réussit à les rejoindre et continua sa progression après les forces communistes se retrouvant isolée à son tour face à une cinquantaine de soldats, qui se refermèrent rapidement sur leur proie.

Le bataillon complet n’était pas encore totalement arrivé sur les lieux. 2 sections d’alpha partirent alors pour dégager les deux sections isolées avec en renfort la compagnie Delta qui était sur le point d’arriver sur les lieux.
Les sections d’Alpha avançaient difficilement à cause de la végétation dense et furent exposés à de violents contacts avec l’ennemi, les combats au corps à corps exigeant l’usage des baïonnettes.
La section Delta ne parvint pas à atterrir à cause de violents tirs de mitrailleuses aux alentours de X-Ray, la LZ était trop chaude, l’hélicoptère de tête resta au sol touché et d’autres en vols furent également touchés et contraint à faire demi tour.
La situation se stabilisant à l’ouest, Moore envoya la compagnie Charlie pour tenir le périmètre sud. Elle fut directement soumise à une attaque nourrie de l’ANV.
Avec ce qui restait de la compagnie Delta ayant pu débarqué il organisa la consolidation de la LZ afin de pouvoir recevoir tout de même des renforts.
A 16h30 une contre attaque fut lancée par les compagnies Alpha et Bravo afin d’atteindre la 2 section de Bravo toujours isolée.
Mais l’opposition était trop forte, il fut alors décidé de faire appel à l’artillerie lourde pour pilonner à nouveau la pente avec une désignation précise par visuel. Des F-4 balayèrent également la zone. Lançant l’assaut terrestre, les troupes au sol progressèrent bien jusqu’au milieu des positions Viets mais furent à nouveau clouées au sol par les mitrailleurs ennemis retranchés dans des fortins. L’étau se referma également par l’arrière sur les hommes encerclés.

Grâce à la charge héroïque d’un lieutenant avec un grenade lancée précisément dans le trou du bunker la résistance de l’ANV fut finalement annihilée mais le lieutenant fut également grièvement blessé à la mâchoire par la balle d’un sniper. L’assaut de la colline aurait alors pu être réalisé mais l’action de l’artillerie du 21st régiment fut fortement limitée à la suite de la perte de nombreux observateurs par l’action précise des snipers ennemis.

Moore se rendit alors compte qu’il lui fallait des renforts de troupes sur le terrain, sa brigade étant déjà totalement engagée il demanda l’envoi de la compagnie Bravo du 2nd battalion 7th Cavalry des Garry Owen composée de 120 hommes. A 17 heures, 3 choppers du 229th déposèrent sur la LZ brulante les renforts tant attendus.

 

Vers 17h40 la nuit commençant à tomber Moore ordonna le repli de ses compagnies Bravo et Alpha. Pour ne pas qu’elles se fassent étriller il fallait protéger leur mouvement, mais aucun fumigène n’étaient disponibles, il fut donc ordonné l’envoi d’obus au phosphore blanc  « Willy Peter », afin que les Viets soient surpris et que le retrait puisse se faire derrière la fumée.
Cela fonctionna les viets furent totalement déboussolés et les compagnies purent creuser leur périmètre de défense pour la nuit une fois repliées.
Les troupes attendant des renforts complémentaires, de la compagnie alpha du 2/7 n’ayant pu rejoindre X-ray et débarquée sur la LZ Macon ainsi que deux compagnies du 2/5 déposées plus loin sur la LZ Colombus, s’installèrent pour passer une nuit blanche les sens en alerte.

15 novembre

A 6h30 le lendemain, lundi 15 novembre, baïonnette au canon le 7eme bataillon du 66eme régiment de l’ANV chargèrent sur la compagnie Charlie des Garry Owen au sud. Malgré la résistance et l’appui des obusiers les Viets franchirent le périmètre et un combat au corps à corps sans merci commença.
Avec le nombre, la compagnie Charlie ne put tenir pas et perdit beaucoup de ses effectifs, la contre attaque de la 2eme section de la compagnie Alpha fut également stoppée, le radio fut alors obligé de déclencher les frappes de l’US Air Force en lançant le code « Broken Arrow ».
A 7h15, c’est la compagnie Delta qui subit elle aussi une attaque frontale. Elle défendit bec et ongle la section de mortiers visée par les communistes.

Les renforts aériens arrivèrent mais malgré l’identification des positions par des fusées de couleur jaune les cibles étaient impossibles à acquérir tellement le front était mêlé. Deux bombes au napalm tombèrent par erreur sur la zone de la LZ X-ray tout prêt du poste de commandement de Moore. Ce dernier se mit alors à guider les frappes en jonglant avec les différentes radios, les avions bombardèrent la zone pendant une heure environ. Cette fois les forces communistes furent disloquées. Vers 10h les Viets renoncèrent à poursuivre l’attaque mais le bilan était lourd pour la compagnie Charlie qui avait perdu la moitié de ses effectifs et tous ses officiers.

Des renforts du 2nd battalion 5th Cavalry « Black Knights » arrivèrent sur place, il fallait encore secourir le reste de la 2eme section isolée de la compagnie Bravo du 1/7, la progression commença à 13h15 après des tirs d’artillerie et ne rencontrant bizarrement que très peu de résistance les GI’s finirent par atteindre la section isolée.
La nuit se passa à X-ray éclairée par les puissants projecteurs sur les hélicoptères Huey qui sillonnèrent la zone sans relâche.

16 novembre

A 6 heures les forces américaines déclenchèrent, comme prévu par Moore, une « mad minute » pendant laquelle toute la zone fut brutalement arrosée de tirs par les soldats sortant de leur trou. Des snipers furent abattus et une section de nord vietnamiens tentant d’échapper aux tirs se retrouva nez à nez avec les renforts de la compagnie Alpha du 2/7 qui avaient marché toute la nuit en provenance de la LZ Colombus pour rejoindre X-Ray. Vers 9h30 la jonction du 2/7 avec le reste de la 3rd brigade était enfin réalisée.

Moore lança alors un nettoyage en profondeur de la zone afin de permettre une évacuation de la brigade sans problème, ses hommes retrouvèrent les 3 soldats américains disparus qu’ils recherchaient encore, il était donc enfin possible de quitter X-Ray. Vers 15h, le départ fut lancé et dura jusqu’à 18h30 ou la totalité des effectifs fut alors de retour au camp Holloway.

Le général Kinnard jugea inutile le fait de poursuivre les Viets dans le Chu Pong ou ils avaient vraisemblablement trouvé refuge et préfèra déclencher un bombardement massif de la zone en accord avec Westmoreland. Le colonel Moore, promu sur le terrain, remplaça alors le colonel Brown à la tête de la 3rd brigade.

La bataille de X-Ray se termina avec un bilan éloquent :
634 ANV tués identifiés et 1000 estimés, ainsi qu’un important matériel récupéré.
Les pertes pour le 1/7 : s’élevant à 2 lieutenants, 16 sergents et 42 fantassins.

 

Bataille d'Albany 17 au 18 novembre 65

 

17 novembre

Le terrain n’était pas abandonné, le 2/7 venus de la LZ Colombus et le 2/5 étaient resté sur la LZ pour la nuit. Le lendemain matin les Garry Owen et les Black Horses formèrent chacun une colonne en direction des deux LZ pour la récupération par hélicoptère. Le 2/5 partit en direction de la LZ Colombus à environ 4 km au nord-est, le 2/7, lui, se mit en route pour la LZ Albany à quelques km au nord-nord-est, compagnie Alpha et groupe de commandement en pointe, compagnie Delta et Charlie au milieu, et compagnie Alpha du 1/5, nouvellement arrivée, fermant la marche.

Il était 5 heures lorsque les éclaireurs parvinrent à proximité de la LZ Albany, tout semblait calme après avoir rapidement sonder les abords de la LZ avant l’arrivée du reste de la colonne des éléments NVA en mouvement furent repérés. Quelques départs de tirs d’armes automatiques permirent de les localiser, une section partit pour renforcer le dispositif, mais la colonne étant très étalée sur plus de 500m il fallait maintenir la LZ ouverte. Le 8eme bataillon du 66e régiment NVA déclencha alors son embuscade au cœur de la colonne américaine. Un déluge d’obus, de rafales d’AK-47, d’explosion de grenades et de tirs de mitrailleuses lourdes s’abattit sur la 1st Cav. Des snipers frappèrent en priorité les officiers et les radios, dans la foulée l’infanterie chargea et enfonça la ligne étirée des américains. Au centre, abasourdis par la violence de l’attaque et sans commandement, les survivants rompirent la formation en se dispersant dans la forêt. La colonne était totalement coupée en deux.

La ligne de front était alors peu visible GI’s et NVA étant totalement mêlés, chacun luttant pour survivre, la situation se transforma vite en un combat désorganisé et confus, chaque soldat américain essayant en vain de trouver un chemin vers la LZ, afin de quitter les herbes hautes pour récupérer un semblant de visibilité et se rapprocher des hélicoptères. L’artillerie et l’appui aérien était alors totalement inopérant sans ligne de front, les combats au sol faisant rage au corps à corps. Peu à peu les américains finirent par se regrouper en deux poches et s’organisèrent, les survivants de la compagnie Charlie rejoignant ceux du groupe de commandement, et la compagnie Delta et une partie de la compagnie Alpha se regroupant à l’est de la LZ.

Dans cette nouvelle configuration un peu plus claire les gunships purent enfin commencer à intervenir ainsi que les F-4 et leur lot de napalm non sans malheureusement provoquer des pertes également dans les rangs américains. Le commandement du 2/7 réussit à obtenir en renfort la compagnie Bravo du 1/5 qui fut déposée à proximité de la principale poche de résistance.

En parallèle le 2/5 fut dérouté de la LZ Colombus pour secourir l’autre poche de résistance formée des compagnies Delta et Alpha.

La situation commençait à se stabiliser en une ligne de front plus claire et des coordonnées plus précises furent communiquées à l’appui feu permettant une nouvelle vague d’assaut des hélicoptères ainsi que de l’artillerie au sol. L’attaque frontale ANV alors stoppée, des secours s’organisèrent pour ratisser la zone toute la nuit pour retrouver les soldats isolés et essayer d’éviter que l’ennemi n’achèvent les blessés dispersés sur le champ de bataille.

18 novembre

Au petit jour l’ANV décrocha et la première poche rejoignit enfin Albany pour en stabiliser l’accès tandis que l’autre groupe se regroupa à Colombus. Commença alors la sinistre recherche des morts et des blessés, pour évacuation aérienne, et la récupération de matériel.

Les pertes de la nuit du 17 au 18 novembre à Albany furent sévères : 151 morts, 121 blessés et 4 disparus. Côté ANV, 403 morts identifiés et des pertes estimés beaucoup plus importante encore.

Bilan

Bilan chiffré de l’opération Silver Bayonet :  
1771 ANV tués identifiés
305 américains tués et 736 blessés
900 armes individuelles et 130 armes collectives récupérées.
5000 tonnes de fret transporté par les airs vers les unités opérationnelles.
62 appareils touchés, 4 seulement abattus dont 1 seul non récupéré.
25% des effectifs engagés dans la campagne furent touchés.

La 1st Cav envoyée au combat moins d’un mois après son arrivée avait poursuivi pendant 35 jours l’ennemi sur un terrain difficile, s’imposant face à 3 régiments ennemi et décimant l’un d’entre eux. Ce fut le premier affrontement avec les forces militaires régulières de l’ANV et non plus le VC.
Pour Westmoreland cette campagne et notamment la bataille de Ia drang prouva deux choses : que les forces américaines pouvaient affronter et vaincre l’armée régulière communiste et que la mobilité sur le champ de bataille (et les possibilités de réapprovisionnement), qu’apportaient les hélicoptères Huey, complétée par un appui-feu important pouvait permettre de remporter la victoire.
Cependant malgré cette victoire américaine, les troupes de l’ANV reculèrent au delà de la frontière à l’intérieur du Cambodge, ou à cause des restrictions imposées par Washington, les troupes américaines ne purent les suivre : bientôt reconstituées, elles conservèrent finalement toute leur puissance offensive sur la suite du conflit. Les communistes en tirèrent également les leçons et développèrent encore plus l’art de l’embuscade et de la guérilla face à la technologie et la force de frappe américaine en combat « classique ».