La Force Aérienne du Nord-Vietnam

La NVAF et ses unités

Les premiers éléments de l’Aviation Nord Vietnamienne, North Vietnamese Air Force (NVAF) ou plus tard VPAF se mirent en place en 1956 avec l’envoi de plusieurs stagiaires pilotes et stagiaires mécaniciens en URSS et en Chine pour des entrainements. 

NVA-flag.png

La première unité de la NVAF était le régiment de transport n°919 créé le 1 mai 1959 et disposant d’appareils modèles An-2, Li-2, Il-14. Le Régiment d’entrainement n°910 fut mis en place avec des Yak-18 d'entrainement. En 1963,  les forces, aérienne et de défense aérienne, furent regroupées.
Le premier appareil de combat nord-vietnamien était un T-28 Trojan d’entrainement récupéré suite à la désertion de son pilote de la Royal Lao Air Force. Il fut utilisé dès 1964 comme avion de combat pour mission de nuit, le  T-28 fut le premier appareil nord-vietnamien à abattre un avion U.S, un C-123, le 15 Février 1964.
La NVAF reçut son premier avion de combat à réaction, le MiG-17 en février 1964, mais les appareils restèrent stationnés sur des bases aériennes en Chine durant toute la formation de leur pilotes. Le 3 février 1964, un premier régiment n° 921, "escadron étoile rouge" était formé, il débarqua avec ses MIG-17 le 6 aout au Nord Vietnam.
Une deuxième vague de pilotes rentrés en 1965 permit d’inaugurer une deuxième unité le 7 septembre 64, le régiment de combat n° 923 "escadron Yen ". 
En Mai 1965, la compagnie de bombardier N°16 fut activée avec des bombardiers bi-moteurs Il-28. Seul un Il-28 opéra une sortie de combat en 1972 contre les forces royales laotiennes. 

Les MiG-21 arrivés d'URSS en 1966 furent attribués aux plus anciennes unités nord-vietnamiennes, le 921ème régiment qui était équipé jusqu'à lors de MiG-17. Comme le 923ème était récent et moins expérimenté il continua à opérer sur MiG-17 jusqu'à l'arrivée de la version chinoise des MiG-19, le Shenyang J-6 en 1969. Le Nord-Vietnam créa alors en 1969 également une unité dédiée au MiG-19,le 925ème. Le 24 mars 1967, les régiments n° 921, 923 et 919 furent incorporés au sein de la 371ème Division aérienne. Le 3 février 1972, le quatrième et dernier régiment créé durant le conflit vu le jour, le 927ème régiment, "Lam Son",équipé du MiG-21PFM (Type 94).

Les premiers engagements aériens

Les forces aériennes nord-vietnamiennes eurent leur premier engagement de jet en combat aérien contre des appareils US le 3 avril 65, la NVAF clamant une victoire et la destruction de deux F-8 Crusader mais cette prétendue victoire ne fut pas confirmée par le américains même si ces derniers reconnurent l’engagement contre des MiG.

C’est le lendemain, le 4 avril que la NVAF engrangea sa première victoire officiellement confirmée par les deux camps, le personnel des forces aériennes US fut choqué d’apprendre que des MIG-17 relativement lents et anciens avaient abattu des appareils récents et avancés comme le F-105 Thunderchief  lorsque ce dernier lançait l’attaque contre le pont Thanh Hóa. Les deux F-105 abattus étaient en mission de bombardement et leur armement ne leur permit pas de réagir à l’attaque des appareils ennemis.

La NVAF était une force aérienne de type défensif dont la mission première était la défense du nord-Vietnam qui même jusqu’à la fin de la guerre ne conduisit pas d’opérations aériennes contre le Sud-Vietnam ou contre les forces américaines. Cependant elle opéra tout de même des attaques limitées contre des navires de l’USN.
La chasse nord-vietnamienne n’était pas de sortie à chaque attaque US et beaucoup d’appareils américains furent abattus par des missiles SAM, SA-2 ou l’artillerie anti-aérienne AAA, voire même parfois par des armes légères depuis le sol.

La réaction américaine face à de piètres résultats

Après un million de sorties et presque 1000 appareils US perdus, l'opération  Rolling Thunder se termina le 1 Novembre 1968 avec un mauvais score en terme de victoires en combat aérien face aux MIG plus petits et plus agiles. Même en disposant des appareils les plus avancés de tous les temps et face à l’héritage lourd des succès durant la WW II ou la guerre de Corée, l'USN décida la refonte complète des méthodes d’entrainement au combat aérien avec la redécouverte du combat rapproché et du combat canon. Cela fut fait en créant une école le 3 Mars 1969, la  "Navy Fighter Weapons School" plus connu sous le nom de "Top Gun" sur la base de Miramar. L'USAF lui emboita le pas rapidement avec son propre programme le "Dissimilar Air Combat Training". Ces deux programmes utilisaient le subsonique Douglas A-4 Skyhawk et le supersonique F-5 Tiger II, ainsi que le USAF Convair F-106 Delta Dart capable d'atteindre Mach 2.4 jouant le rôle du MiG-21.

L'utilisation du MiG-17

En 1960, un premier groupe de 50 aviateurs et mécaniciens nord-vietnamiens fut envoyé en Chine pour démarrer un apprentissage sur MIG-17.
En 1962, les premiers pilotes nord-vietnamiens avaient fini leur formation sur MIG-17 en Chine ou Russie et revinrent dans leurs unités. Dans le cadre de la collaboration, les soviétiques offrirent 36 MiG-17 et MiG-15UTI d’entrainement à Hanoi en février 1964.  

Entre 1965 et 1972, les MiG-17 des régiment n°921 et 923  de la NVAF clamèrent avoir abattus 71 appareils américains : 11 Crusaders, 16 F-105 Thunderchiefs, 32 McDonnell Douglas F-4 Phantom, 2 Douglas A-4 Skyhawks, 7 Douglas A-1 Skyraiders, 1 C-47, 1 hélicoptère Sikorsky CH-3C et 1 Ryan Firebee UAV.

L'utilisation du MiG-19

Hanoi décida au début 1969 de renforcer ses capacités défensives aériennes avec le nouveau régiment n°925 utilisant des MiG-19/J-6 fraichement acquis.  
Tandis que les MiG-17 et MiG-21 étaient fournis par l’union Soviétique, les MiG-19 modèle J-6 provenaient eux de la République Populaire de Chine.
Malgré leur petit nombre les MiG-19 nord-vietnamiens furent impliqués dans des combats d’envergure durant les opérations Linebacker I et Linebacker II. La NVAF clama avoir rencontré 7 victoires sur les appareils US dans des affrontements MiG-19 VS F-4 Phantom II.

Des victoires aériennes pour les MiG-19 du 925ème furent confirmées :  
08 Mai 1972, deux F-4 Phantom furent abattus.
10 Mai 1972 deux F-4 Phantom furent abattus, les deux par des tirs au canon.  
18 Mai 1972, 1 F-4  
23 Mai 1972, encore deux autres F-4
Ces pertes amenèrent en échange du côté communiste la perte de 10 MiG-19 en combat aérien.  

Le 2 Juin 1972, au dessus du nord-Vietnam un F-4 de l'USAF fut le seul à réaliser le tour de force d'abattre un MiG-19 en combat canon à une vitesse supersonique.

La puissance du MiG-21

Les premiers MiG-21 devaient permettre à la NVAF d'être capable d’engager des combats aériens à hautes altitude et vitesse pour intercepter les appareils américains en mission de bombardements.
La NVAF commença à opérer sur MiG-21 au début de l'année 1966, son adversaire principal étant le McDonnell F-4 Phantom II qui venait en soutien des Republic F-105 Thunderchief lors de missions de bombardements. La technique des pilotes de la NVAF était de voler à baisse altitude pour scanner le ciel au dessus d'eux à la recherche des bombardiers US et créer la surprise. Une fois que les F-105 étaient pris pour cible ils étaient forcés de larguer leurs munitions ou devaient faire face à un combat canon.   
Les F-4 commencèrent donc les opérations MIGCAP en protection des Thunderchiefs en volant également à plus faible altitude pour essayer de contrer les attaques de MiG.

La présence du MiG-21 devint tellement efficace qu’à la fin de l’année 66 les américains montèrent une opération spéciale pour stopper la menace des MIG-21.
Le 2 janvier 1967, L’opération Bolo leurra  les MiG-21 qui, pensant intercepter un groupe de F-105 en mission de bombardement, tombèrent en réalité sur un ciel rempli de F-4 équipés pour le combat aérien. Le résultat fut exceptionnel pour les américains avec la destruction de presque la moitié des MiG-21 ennemis pour aucune perte américaine.
La NVAF lança alors un programme d’entrainement complémentaire de ses pilotes à la suite de cette débâcle.

Même si le Phantom était un appareil de premier ordre, la plupart des versions ne disposaient plus de canons selon la croyance américaine qui voulait que les missiles étaient le nouveau sésame en combat aérien. Le combat rapproché au dessus du Vietnam rendait les F-4 inefficaces car la plupart des engagements se faisaient à des distances non appropriées à l'usage de missiles, ce qui donnait l'avantage aux MiG. En plus de cette situation le MiG-21 coutait moins de la moitié du prix exorbitant du F-4 très complexe. Cependant les capacités d'accroche radar étaient à l'avantage du Phantom qui disposait aussi d'une meilleure autonomie et pouvait être équipé de missiles à courte portée Sidewinder en complément des missiles à moyenne portée Sparrow.  

Entre 1966 et 1970, la NVAF maintint un ratio positif contre les appareils américains. Dans les dernières années du conflit, l'écart se stabilisa toutefois et le Phantom modèle F-4D s'avéra être la meilleure réponse des américains pour faire face au MiG-21.

1966 : 6 MiG-21 perdus pour 18 appareils US  
1967 : 21 MiG-21 perdus pour 36 appareils US
1968 : 9 MiG-21 perdus pour 17 appareils US  
1969 : 3 MiG-21 perdus pour 1 Firebee UAV US
1970 : 2 MiG-21 perdus pour 2 appareils US (incluant un hélicoptère CH-53 Sea Stallion)
1972 : 51 MiG-21 perdus pour 53 appareils US (incluant un Boeing B-52 Stratofortress
 
La guerre du Vietnam fut en effet le seul conflit ou un B-52 fut abattu par les tirs ennemis provenant d''un missile de MiG-21.

La pire menace pour Hanoi : le B-52

La plus grande crainte du Nord-Vietnam durant le conflit resta toujours le Strategic Air Command B-52 Stratofortress. Les MiG-17 et MiG-19 de Hanoi ne pouvant pas faire face à ce bombardier et son altitude de vol. Durant le conflit un grand nombre d’appareils communistes furent détruits alors qu’ils étaient simplement au sol lors de campagnes américaines de bombardement.  La défense nord-vietnamienne épuisait son stock de missiles sol-air en tentant de détruire les B-52 volants à haute altitude lors de leurs raids sur le Nord.

 

Elle était fortement perturbée par les systèmes américains ECM et autres SEAD.  
Malgré tout, les forces communistes clamèrent avoir abattus 81 appareils US durant l’opération Linebacker II.
Note :  les sources américaines elles faisant état de la perte de seulement 27 appareils.

A l'été 1972 la NVAF forma 12 pilotes de MiG-21 pour des missions spécifiques d'attaque du B-52 notamment de nuit.  
Durant l’offensive de printemps en 75, le bombardement de la base aérienne de Tan Son Nhut (seule opération de bombardement conduite par les forces aériennes communistes) fut déclenchée le 28 avril 1975, seulement 2 jours avant la chute de Saigon.

Durant la guerre du Vietnam les forces aériennes nord-vietnamiennes utilisèrent les appareils de combat suivants : MiG-17F, PF (J-5), MiG-19 (J-6), MiG-21F-13, PF, PFM et MF;
Le Nord-Vietnam clama avoir détruit 266 appareils US, et les USA de leur côté dénombrèrent un nombre de 204 MiG détruits ou abattus ainsi qu’au moins 6 An-2s, dont 196 appareils pour lesquels des preuves sérieuses étaient présentes (100 MiG-17, 10 MiG-19 and 86 MiG-21). Cependant la NVAF n’en reconnu que 154, dont 131 en combat aérien.