Operation Starlite - 17 Aout 1965 au 24 Aout 1965

Localisation

À environ 20 km au sud de Chu Lai non loin de la mer de Chine méridionale en bordure des provinces Quang Tin et Quang Ngai dans la péninsule de Van Tuong.

Objectifs

Le général Walt déclencha l’opération Starlite envoyant par air et par mer quelques 5000 marines, sous le commandement du 7th Marines, nettoyer la péninsule afin de lancer une attaque préventive contre le 1er régiment VC pour étouffer dans l’oeuf la menace portant sur la base de Chu Lai et son réseau de communications.

Forces alliées en présence

L’opération fut lancée le 17 aout 65 impliquant  :

L'USMC :

la 9th Marine amphibious brigade

2nd Battalion 4th Marines (2/4)
3rd Battalion 4th Marines 3/4)

3rd Battalion 3rd Marines (3/3)

3rd Battalion 7th Marines (3/7) (de la Special Landing Force et au départ une force de réserve)

1st Battalion 7th Marines (1/7)

 

United States Navy’s USS Galveston (CLG-3)

USS Cabildo (LSD-16) pour l’appui feu naval

3rd Battalion 12th Marines unité d’artillerie en appui feu direct.

USS Vernon County (LST-1161) et USS Iwo Jima pour le transport de troupes de Chu lai le long de la côte An Thuong

L’USAF en appui

Également la 2eme division de l’ARVN

Forces communistes en présence

Environ 2,000 soldats du 1er régiment VC, le 60eme bataillon, le 80eme bataillon, la 52eme compagnie, le 45eme bataillon et plusieurs unités de mortiers.

Préparation

Au cours de l’été 65 de multiples rapports arrivèrent sur le bureau du général Westmorland commandant en chef des forces américaines au Vietnam, tous signalaient des vastes concentrations VC à proximité des enclaves tenus par les marines. Le premier combat important mettant en jeu les troupes américaines se produisit en aout 65 lorsque les marines, défendant l’aérodrome de Chu Lai, sur la cote du centre-nord, repérèrent des forces VC dans la péninsule de Van Tuong.

Les VC installés dans le secteur constituaient une menace pour Chu Lai. Le commandant de la III marine amphibious force, le major général Lewis W. Walt, reçu le 6 aout la permission de passer à l’offensive. Le général Westmoreland avait autorisé l’« opération Satellite » mais une erreur de dactylographie due au manque de lumière transforma “Satellite” en “Starlite” tout au long de l’ordre de mission… Sans qu’on eût eu le temps de corriger.

L’opération Starlite fut la première opération de la guerre du Vietnam a être conduite uniquement par les forces US. L’opération fût lancée sur base de renseignements recueillis par le commandant en chef de l’armée sud vietnamienne de la Iere CTZ. Le 15 Aout l’interrogatoire d’un déserteur VC confirma que le 1er régiment VC, fort d’environ 1500 hommes, avait bien établi sa base autour de Van Tuong à 20 km seulement au sud du camp des marines de Chu Lai et qu’il se préparait à un assaut de grande ampleur. Le but de l’attaque VC était de réussir à prendre un fort avantage psychologique en surprenant les marines isolés basés à Chu Lai lors du premier engagement majeur entre américains et VC.

 Le plan US constitué visait à lancer une attaque préventive contre le VC afin d’étouffer dans l’oeuf la menace portant sur la base de Chu Lai et son réseau de communications.
Un bataillon de marines était en principe autonome, et grâce aux helicos il avait la possibilité de se déplacer dans les plus brefs délais. Il bénéficiait également du soutien de l’artillerie lourde et aérienne. C’est dans cette optique que les marines avaient appris à se battre et c’est cette stratégie qui devait lors permettre d’ agir contre le VC dans la péninsule de Van Tuong. L’opération lancée devait donc combiner des forces de l’US Army, de l’USN et de l’USAF. Des marines devant être déployés par hélicoptère sur des LZ tandis que d’autres procéderaient à une attaque amphibie avec notamment une unité de lance flammes.

Il était essentiel d’encercler le régiment VC sans lui laisser le temps de s’évanouir dans la nature. Trois attaques devaient être lancées simultanément. Les américains fort d’un renforcement d’effectifs depuis le 14 pouvaient d’ores et déjà réassignés 2 bataillons expérimentes (stationnés en mer) le 2nd battalion du 4th marines et le 3rd battalion du 3rd marines BLT débarquable sur terre grâce à l’USS Vernon County. Enfin un autre bataillon se tenant en renfort lui aussi également stationné au large des cotes vietnamiennes. De plus 2 navires de l’US Navy le USS Galveston et l’USS Cabildo pouvaient apporter un soutien d’artillerie si nécessaire.

17 aout

L’opération Starlite commença inopinément à 10h du matin le 17 aout lorsque la compagnie M du 3rd batallion 3rd marines se déploya en patrouillant au sud de Chu Lai et prit position à 4 miles au Sud pour la nuit juste au nord de la péninsule de Van Tuong. Ils rencontrèrent une très faible résistance et comme les patrouilles dans ce secteur étaient fréquentes n’éveillèrent pas spécialement l’attention des VC.

7 heures après le départ de la compagnie M le reste du 3rd batallion 3rd marines et le groupe de commandement prient place sur 3 embarcations amphibies.

18 aout

Une compagnie (environ 150 hommes) de marines venue par voie terrestre traversa la rivière Tra bong pour interdire au VC toute possibilité de s’échapper par le nord, tandis que le 3/3 (environ 550 hommes) débarqua sur la cote sud de la péninsule à An Cuong à un endroit prévu sur la plage à 5 heures du matin. 15 minutes avant 6H30 du matin heure H l’artillerie de la Navy et l’aviation commencèrent à pilonner les trois LZ définies à l’ouest de de van tuong LZ Red, LZ White, LZ Blue. 18 tonnes de bombes et de napalm furent lancés en plus du feu des obusiers de 155mm. A l’heure H les troupes du 3/3 rentrèrent dans les terres comme planifié.

A 6H45 du matin la compagnie G du 2nd batallion 4th Marines prit position sur la LZ Red. 40 minutes plus tard la compagnie E prenait elle position sur la LZ White et la compagnie H sur la LZ Blue. Le 3/3 approcha Van Tuong par le sud pendant que les compagnies E, G, et H du 2/4 étaient sur le point d’arriver par l’ouest. La compagnie M bloquait toute retraite du VC par le nord et les navires de la Navy prévenaient toute échappée par l’est via la mer de chine. Van Tuong et le VC étaient encerclés. Pour la plupart les marines rencontrèrent peu de résistance en se rapprochant mais de feux nourris éclatèrent près de la LZ Blue.
En fait la compagnie H du 4th marines avait atterri en plein milieu du 60eme bataillon VC et se retrouva encerclée. Le VC laissa les premiers hélicos atterrir sans incident, puis ouvrir le feu sur les vagues suivantes, une tactique qui avait déjà fait ses preuves contre l’ARVN.

3 hélicos UH-1B de l’US Army armés de guns ships furent appelés en renfort pour faire face aux VC qui opposaient une forte résistance notamment à partir d’une petite colline à l’est de la LZ Blue appelée Hill 43 (les collines étaient identifiées par un numéro selon leur hauteur en mètres). Pendant ce temps l’infanterie protégeait la LZ jusqu’à ce que la totalité des forces ait atterri. Le commandant de la compagnie H, ordonna un assaut de la colline avec par une section mais celle-ci fut rapidement stoppée. Regroupant ses hommes et réalisant qu’il faisant face à une forte concentration ennemie, l’officier définit un plan d’assaut et lança l’attaque de Hill 43 avec 3 de ses sections. Renforcés par un support aérien précis et rapproché les marines renversèrent les positions du VC. Hill 43 était prise.

De violents combats éclatèrent également dans le village de An Cuong à peu près a 2 miles au nord-est de Hill 43, lorsque 2 sections de la compagnie I tentèrent de nettoyer le village des snipers ennemis qui y avaient pris position.
Après avoir reculé une première fois la section de réserve de la compagnie se jeta dans la bataille pour nettoyer le village. Le capitaine de la compagnie I, faisait partie des KIA lors du premier affrontement et c’est donc son first lieutenant qui prit le commandement.

La bataille faisait rage, entre 11h et 12h une colonne de réapprovisionnement pour la compagnie I fut envoyée. La colonne qui incluait trois tanks lance flammes, la seule puissance de feu en support disponible, perdit vite sa direction. Soudain, sous un feu nourri de fusils et de mortiers l’usage de ces tanks en tant que support devint impossible. Utilisant donc seulement leurs armes de poings les marines encerclés essayèrent de stopper l’avancée de l’infanterie VC.
L’engagement important nécessita le déploiement de la compagnie L du 3/7 déposée par l’USS Iwo Jima pour rejoindre la compagnie I et assister la colonne prise en embuscade. La mission de récupération finit par les dégager, les américains eurent le dernier mot, mais au prix de pertes élevées. Le lieutenant de la compagnie I comptabilisa une cinquantaine de corps ennemis à la fin du combat. Le soir venu les marines s’enterrèrent dans leurs positions défensives.

Les âpres combats du premier jour s’avérèrent être les seuls accrochages majeurs des sept jours d’opération. Pour les compagnies H, I et L l’affrontement avait été épuisant. Les américains comptabilisaient une centaine de victimes sur les 350 hommes initialement présent et parmi ces victimes 29 morts, mais en contre partie ils avait dénombrés au total 281 cadavres VC certifiés.

19 aout

Le 19 aout, deuxième jour de Starlite, des coups de feux sporadiques et isolés furent tirés par l’ennemi pour couvrir la retraite du gros des troupes, mais toute résistance organisée avait bel et bien cessé, seules quelques poches de résistance dans des bunkers et réseaux enterrés continuèrent à résister jusqu’au soir. Les américains s’employèrent à l’élimination des dernières poches de résistance communistes. Ces opérations de nettoyage allaient être extrêmement éprouvantes. Les VC qui avaient échappé aux américains s’étaient terrés dans un réseau inextricable de grottes et de tunnels. Et plus d’un marine fut ainsi la cible de tireurs cachés. Toutefois dans la nuit du 19 aout les marines étaient maitres du terrain.

L’opération Starlite continua 5 jours de plus car le général Walt estimait que des forces ennemis résiduelles restaient tapies dans des caches souterraines. Avant de commencer cette phase de ratissage, le colonel en chef retira le 2/4 et le 3/3 le 20 août, en les remplaçant par le 1/7. Les Marines « frais », avec le 3/7 et les unités de la 2e division ARVN, tuèrent à nouveau 54 VC avant que l’opération Starlite soit officiellement clôturée le 24 août.

Bilan

Bilan chiffré de l’opération Starlite :
614 VC du 1er régiment tués identifiés, 115 supplémentaires estimés
9 prisonniers capturés
109 armes saisies
45 tués chez les marines et 203 blessés.
D’autres sources citent 54 tués du côté américain, dont 52 marines, 1 membre de la Navy et 1 major de l’US Army qui pilotait un hélicoptère de soutien.

La bataille avait été remportée grâce à  la puissance de feu américaine. L’artillerie, basée à Chu Lai, avait fait feu environ 3000 fois, dans le même temps les navires de guerre avaient apportés leur soutien à l’infanterie en faisant feu 1562 fois, coulant sept sampans transportant des VC et clouant au sol une centaine de soldats ennemis essayant de s’échapper par la plage. De plus, les marines avaient bénéficié d’une synchronisation précise du support tactique aérien, coordination que l’ARVN n’avait semble t-il jusqu’à lors, jamais réussi à obtenir.   

L’ARVN ne fut pas informée du planning initial de l’opération. Ce n’est qu’au dernier moment que le Général Hoang Xuan Lam, dont  les hommes assistèrent les marines à partir du deuxième jour d’opération, fut informé du rôle qu’il devait jouer. Même les reporters américains n’arrivèrent pas sur le champ de bataille avant le deuxième jour. Il en résulta que le VC fut totalement pris par surprise. Les opérations futures, similaires par leur nature à Starlite, furent beaucoup moins victorieuses. En effet, pour des raisons politiques les marines devaient informer l’ARVN de tous les plans des opérations futures et donc courir le risque que des informations parviennent aux oreilles de l’ennemi.

Le général Walt commenta plus tard la bataille en indiquant que le support aérien avait été utilisé « dans un périmètre d’à peine 200 pieds autour des troupes américaines clouées au sol et de ce fait avait donc été un facteur indiscutable de la victoire ». « Je n’ai jamais vu un exemple de soutien aérien plus rapproché » avait-il ensuite déclaré.  Les marines avaient donc gagné en faisant ce que les troupes américaines savent faire de mieux, coordonner parfaitement la puissance de feu en provenance du sol, de la mer et de l’air.

L’expérience de l’engagement durant Starlite permit aux américains de tirer également beaucoup de petites leçons:
Les deux gallons d’eau prévus comme ration pour chaque homme s’avérèrent insuffisant compte tenu de la chaleur régnant au Vietnam.
Le fusil M14 se montra trop lourd et peu adéquat, une recherche fut lancée pour trouver une autre arme de base plus légère et  et plus manœuvrable.
En fin de compte, l’opération mit également les marines face à la complexité des combats parmi des populations civils. Publiquement les marines déclarèrent que seuls les villages ennemis fortifiés avaient été  détruits, mais selon le rapport officiel militaire d’après action le commandement avait été informé que certains villages avaient été endommagés voire détruits par du napalm ou les tirs de soutien des vaisseaux de guerre alors que la nécessité militaire de telles actions n’était pas clairement établie.
Mais la plus importante leçon de l’opération Starlite fut d’ordre psychologique : lors du premier engagement des troupes américaines face aux principales forces Vietcong, l’armée US sortit largement victorieuse. Malgré cela, le Front de Libération Nationale revendiqua également la victoire, annonçant qu’ils avaient infligé aux américaines des pertes d’environ 900 hommes, détruit 22 chars et abattu 13 hélicoptères.

Le VC avait été obligé de combattre sans l’issue salvatrice que pouvait apporter la mer  jusqu’à présent face à la seule ARVN, et ses vieilles tactiques qui avaient si bien fonctionné jusqu’à présent échouèrent face aux marines. Malgré sa déroute le 1er Régiment VC ne fut toutefois pas complètement dissout. De plus, comme cela devait arriver pour bien d’autres opérations ultérieures, les marines ne disposaient pas d’effectifs suffisants pour établir une garnison dans la péninsule, le VC garda donc encore le contrôle de certains hameaux dans la péninsule. L’ennemi resta 4 mois à l’écart des combats contre les marines. Le 9 décembre 65, deux bataillons de marines (3/3 et 2/7) eurent à se battre à nouveau pour le même terrain.

L’énorme puissance de feu dont disposaient les marines  (artillerie, mortiers, canons de marine, avions et hélicos d’assaut)  avait donc indéniablement fait la différence, comme elle le fit encore dans d’autres batailles, quant au VC, piégé, il avait dû prendre la mesure de son infériorité technologique. Il sut en tirer les conséquences pour la suite de la guerre, et sur le terrain qui était le sien, ou il était capable de se déplacer sans être repéré,  il se retrancha volontiers derrière une stratégie de guérilla posant des pièges et préparant des embuscades en évitant de créer un véritable front identifiable par les forces américaines.